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La joaillerie éthique : qu'est-ce que c'est exactement ?


Depuis maintenant quelques années, une part croissante de la population s'interroge sur la provenance des métaux précieux et des pierres précieuses qui composent nos bijoux. Le respect de l'environnement et des conditions de travail des mineurs sont aujourd'hui des critères de sélection à part entière. D'où l'émergence des fameux bijoux éthiques et de la joaillerie éco-responsable. Il faut bien avouer que l'extraction minière ne valorise pas franchement les paysages et que certains mineurs travaillent dans des conditions qui peuvent être extrêmement dangereuses. Pourtant, il n'existe pas pléthore d'alternatives pour aller chercher des gisements aurifères ou diamantifères. Pour extraire de l'or, de l'argent ou des diamants, il faut creuser le sol sur plusieurs centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres de profondeur. Cela modifie, parfois de manière irréversible, les écosystèmes environnants. Nous allons donc voir plus en détail comment fonctionne l'exploitation minière et les alternatives qui existent pour des bijoux durables et éthiques.



Les techniques d'extraction de l'or


L'exploitation minière de l'or nécessite d'avoir recours au cyanure. De plus, l'accès aux gisements aurifères implique le forage des sous-sols ; et une fois forées, ces roches libèrent des éléments chimiques supplémentaires dans la nature.


Raisons pour lesquelles le minage de l'or est de plus en plus montré du doigt. C'est non seulement une cause de déforestation, mais il impacte aussi fortement la biodiversité. L'exploitation de mines d'or peut donc modifier ou détruire l'habitat de la faune locale, et met en péril l'équilibre naturel des sols.


Comment un tel impact est-il possible ? Parce qu'il faut en moyenne 88 kg de minerai pour extraire 1 g d'or. Cela vous donne une idée de la quantité de terre qu'il faut brasser pour obtenir ce précieux métal. La plus importante mine d'or au monde se trouve aujourd'hui en Afrique du Sud.



Comment fonctionne l'exploitation des mines de diamants


Les modes d'extraction


Pour l'extraction du diamant, deux modes d'exploitation existent : la mine à ciel ouvert et la mine souterraine.


L'extraction souterraine de diamants peut atteindre plus d' 1 km de profondeur. Mais plus on s'enfonce, plus la teneur des gemmes s'appauvrit.



Pour l'extraction de diamants à ciel ouvert, on utilise de gros camions de terrassement afin d'extraire le minerai de la pipe. Cette pipe est donc creusée en forme de gradins, par lesquels les camions remontent les matériaux à traiter. Le minerai est ensuite concassé (à la dynamite si nécessaire), criblé, tamisé puis lavé, avant d'être acheminé à l'usine de traitement.





La mine d'Udachnaya en Russie. Source : Dook International


Il arrive que les diamants soient aussi extraits le long des cours d'eaux ou sur des littoraux marins. L'inconvénient avec cette technique, c'est que le tamisage et le lavage provoquent une accumulation de sédiments qui, à grande échelle, peuvent nuire à l’écosystème.


Les infos à connaître


Il faut extraire environ 250 tonnes de minerai diamantifère pour produire un diamant taillé de 1 carat.


Les trois plus gros producteurs de diamants sont (par ordre décroissant) : la Russie, le Botswana et le Canada.


Cette industrie du diamant est parfois mise en cause pour ses conditions de travail difficiles et pour le financement de conflits armés, comme en Centrafrique ou au Myanmar. Le film Blood Diamond évoque notamment le sujet.


Qu'est-ce qu'un bijou éthique ?


Vous l'aurez compris, un bijou éthique, aussi appelé bijou durable ou bijou écoresponsable est un bijou fabriqué avec des matériaux précieux qui, a priori, offrent de meilleures conditions de travail aux employés qui les ont extraits et qui n'endommage pas les zones géographiques fragiles.


L'or éthique


Il existe à ce jour deux labels donnant accès à la traçabilité de l'or : Fairtrade et Fairmined. Ces labels définissent des exigences sur l'interdiction du travail des enfants, l'interdiction du travail forcé, le respect des droits des travailleurs, etc.


Des aides financières sont octroyées aux exploitants des mines afin de compenser les surcoûts, exigés par ces labels, pour une mise aux normes éthique de l'activité. Avant d'attribuer le label, un organisme indépendant est chargé de vérifier que l’exploitation minière a bien respecté le cahier des charges éco-responsable.


➡ Découvrez aussi quels sont les 9 métaux les plus utilisés en joaillerie.


Les diamants éthiques


Parmi les systèmes de vérification et de traçabilité des diamants il existe :

  • Kimberley Process, pour savoir si un diamant vient d’un pays sans conflit ;

  • Forevermark, pour distinguer si les diamants sont naturels, non traités et provenant de lieux sans conflits ;

  • Everledger, un registre sécurisé qui enregistre la chaîne d’approvisionnement de chaque gemme. Il inclut une certification stricte dans un coffre numérique, plutôt qu’un certificat papier qui est plus facile à contrefaire.


Les diamants synthétiques


Ces diamants créés en laboratoire portent également le nom de diamants de culture ou diamants de synthèse. Ils représentent un alternative à l'extraction minière.


Ces diamants synthétiques, environ 30 % moins chers, sont identiques aux diamants naturels sur les plans chimique et physique.


Diamant de synthèse. Source : Le Gemmologue


Mais ces alternatives de joaillerie éthique sont-elles vraiment fiables ?


Eh bien difficile d'avoir une réponse tranchée sur cette question.


Prenons le cas d'un diamant cultivé en laboratoire. Bien qu’il puisse être difficile de distinguer un diamant naturel d'un diamant de synthèse, la différence de leurs origines peut grandement influencer l'achat ou la revente. Une jeune mariée ne voudra peut-être pas d'un diamant de culture pour sa bague de fiançailles. Et ces diamants durables n'ont que très peu de valeur sur le marché du seconde main, car considérés malgré tout comme moins précieux.


De plus, si la fabrication des diamants de laboratoire utilise de l’énergie fossile, ce processus peut même générer plus d’émissions de dioxyde de carbone que l’extraction de diamants naturels. Car pour y parvenir, il faut une énergie constante, 24 h /24 et 7j./7, pendant plusieurs semaines, pour reproduire un phénomène naturel qui prend des millions d’années sous terre.


Enfin, si l'on peut saluer des initiatives de plus en plus nombreuses pour la création de bijoux éthiques, on ne sait pas vraiment non plus qui contrôle les labels mentionnés plus haut. En parcourant un peu ces sites, on relève parfois un manque de transparence vis-à-vis du grand public. Par ailleurs, peu d'informations sont réellement disponibles sur le processus d'admission à ces labels. Certaines formules ont un côté marketing et peuvent s’apparenter à du greenwashing, soit un discours écologique de façade.

Les solutions pour porter des bijoux éthiques


Pour réduire au maximum l’impact de ses bijoux sur l'environnement, plusieurs options s'offrent à vous. Vous pouvez recycler les métaux précieux ou les pierres précieuses d'anciens bijoux cassés, dépareillés ou tout simplement passés de mode. Les bijoux de seconde main sont également une excellente alternative zéro carbone, si vous acceptez de porter des bijoux ayant appartenu à des personnes qu'a priori vous ne connaissez pas. Enfin, il existe aussi les bijoux sur mesure fabriqués localement.


Bijou éthique made in France, que dis-je, made in La Rochelle !


Là, si vous le voulez bien, je vais défendre un peu ma paroisse. Étant artisan joaillier, je n'ai jamais produit à grande échelle. La quasi totalité des bijoux que j'ai créés sont uniques et fabriqués entièrement à la main.


Pour les pierres et métaux précieux, je ne me fournis qu'auprès de professionnels de confiance. Ces collaborateurs vont au plus près de la source, limitant ainsi les intermédiaires, ce qui me donne une vision beaucoup plus claire de la chaîne d'approvisionnement.


Enfin, je transmets actuellement mon savoir-faire à une apprentie dans mon atelier. Cela nous permet d'augmenter notre production de façon locale, et nous limitons notre empreinte carbone en n'important que les matériaux strictement nécessaires. De plus, en venant dans mon atelier, vous constaterez que Zoé n'est pas condamnée au travail forcé et que ses droits humains sont respectés ^^. Plaisanterie mise à part, je suis très fier de transmettre mes connaissances à une jeune apprentie talentueuse et de perpétuer la tradition de la joaillerie française, ici à La Rochelle.


Questionner notre rapport au luxe


Je finirai cet article sur une question ouverte. Cela vous surprendra peut-être de la part d'un joaillier, mais pour moi, ce qui fait la valeur d'un bijou, ce n'est pas tant ses pierres ou ses matières précieuses. La vraie valeur d'une pièce réside en la technique du joaillier qui l'a réalisée. Partant de ce principe, je considère qu'un bijou en bois ou en acier peut avoir une valeur inestimable, si le bijoutier y a mis toutes ses tripes et son savoir-faire.


Par conséquent, les labels de joaillerie éthiques auront beau être aussi transparents et éco-responsables que l'on veut, si notre soif d'or et de diamants reste insatiable, leurs efforts resteront une goutte d'eau dans la mer par rapport à l'infinité de la demande. Sachez que je n'incrimine personne ici. Je relève juste le fait que nous sommes bombardés en permanence par la culture du *bling-bling* et qu'on nous incite à en vouloir toujours plus.


Ces labels sont donc un moyen, mais la fin pour porter des bijoux réellement éthiques réside surtout en notre perception de ce que nous considérons être précieux. Seriez-vous prêts à porter des bijoux de mariage, ou avec une autre symbolique importante, faits dans des matériaux non nobles ? Par exemple, accepteriez-vous des alliances en plastique recyclé ou une bague de fiançailles fait à partir d'un barreau de chaise ?


Je vous laisse méditer : )


N'hésitez pas à cliquer sur le cœur en bas à droite ou à partager cet article s'il vous a plu.


Sources :




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